Haut-Rhône : une problématique transfrontalière
Un paysage hydroélectrique aux enjeux majeurs
A sa confluence avec le Rhône en ville de Genève, l’Arve apporte 700 000 m3 de sédiments fins par année, dont 360 000 m3 se déposent dans la retenue de Verbois, située quelques kilomètres en aval. L’engravement progressif de la retenue accroit le risque de crue. Une gestion active des sédiments est nécessaire en raison du risque d’inondation des bas-quartiers de Genève.
Suite aux chasses suisses de 2012, réalisées après 10 ans sans vidange, les autorités suisses et françaises ont mandaté un groupe de travail pour trouver des solutions alternatives aux vidanges complètes des barrages de Verbois et Chancy Pougny et optimiser la gestion des sédiments sur le Haut-Rhône. Basée notamment sur un abaissement partiel et concomitant des différents ouvrages suisses et français, sur des chasses d’accompagnement des crues d’Arve ainsi que sur des dragages ponctuels, cette nouvelle gestion sédimentaire devrait permettre de limiter les impacts environnementaux.
Une connaissance plus précise de la présence, de l’abondance et du comportement des poissons pendant et après ces opérations de gestion sédimentaire est souhaitée par les gestionnaires suisses et français (respectivement SIG et CNR). En effet, une modification de la biomasse piscicole a été observée sur les retenues depuis leur mise en service, et la nécessité de connaitre à la fois ses caractéristiques actuelles mais aussi les modalités de reconstitution des stocks se font ressentir.
Les enjeux piscicoles et halieutiques sont reconnus tant sur le Rhône genevois en Suisse que sur le Haut-Rhône français du fait de la présence d’espèces patrimoniales (dont certaines considérées comme menacées en Suisse et protégées en France). Les retenues, qui représentent plus de 80 % du linéaire du Haut-Rhône entre Genève et Seyssel, ne font pas pour l’instant l’objet de suivis systématiques, et aucune méthode standardisée d’échantillonnage n’a été définie pour ces milieux.
Les moyens et méthodes d’analyse actuels de la faune piscicole côté français et suisse existent mais sont confrontés à des limites techniques notamment en raison de la difficulté d’avoir des échantillons représentatifs sur les grandes hauteurs d’eau des retenues et sans avoir recours à des modes de prélèvements intrusifs (pêches électriques limitées aux berges) ou destructifs (filets verticaux) dans les zones profondes. En outre, la structure des populations de poissons subit des variations interannuelles induites par des facteurs environnementaux tels que l’hydrologie et la température, d’où l’importance de l’effort de prospection en fréquence et durée.
Objectifs
Les objectifs de ce projet franco-suisse Bi O Rhône sont les suivants :
Développement méthodologique pour le suivi de la faune piscicole des retenues
• Evaluer qualitativement et quantitativement des techniques de prospection de la faune piscicole afin de développer une méthode d’échantillonnage adaptée aux retenues du Rhône, et potentiellement transférable sur d’autres cours d’eau de la dimension du Rhône.
Application au suivi des impacts de la gestion sédimentaire
• Tester l’exploitation éventuelle de cette méthode d’échantillonnage en vue de la préservation de la faune piscicole du Haut-Rhône lors des opérations de gestion sédimentaire des retenues hydroélectriques françaises et suisses, de l’accompagnement des crues de l’Arve et des dragages.